Quand je lisais « Rosa Bonheur, un messie sauvage », j’eu, et le besoin, et l’envie d’être ces quatre
femmes qui parlent d’amour et d’art, de porter Rosa Bonheur vers la lumière. Au Théâtre, les fantômes prennent la parole et accompagnent les vivants pour leur raconter des histoires qu’ils ignorent.
De Rosa Bonheur, je ne connaissais que la rue à Paris ! Enfant, j’en aimais le nom.
Dans son écriture, Thierry Atlan devient peintre lui aussi ; les mots de ce quatuor dessinent les traits de Rosa, chamane du XIXème siècle, artiste intransigeante, femme insolente de liberté, tribade ou béguine peu importe.
Seule en scène : vertige d’actrice. Jouer quatre personnages, c’est me trouver face à un abîme avec un
petit pont de bois pour le franchir ! Qui de plus averti que l’auteur pour me diriger dans cette traversée ? Il les connaît ces femmes, de ses mots leur a redonné vie, il m’aidera à gagner la rive ; de l’autre côté, il y a Rosa, entourée d’animaux, dans la lumière.
Cécile Camp

Quatre femmes témoignent de leur vie passée avec Rosa Bonheur entre 1846 et 1921.
Cecile Camp interprète tour à tour Nathalie Micas, Henriette Micas sa mère, puis Anna
Klumpke la dernière compagne de Rosa et sa mère Dorothea Klumpke.
Chacune d’entre elles, à sa manière, au coeur du Second Empire, un siècle d’hommes, a été libre de toutes les certitudes du moment.
Elles revivent des moments passés avec Rosa et retrouvent ou retraversent des émotions, des impressions, des sentiments. Leurs témoignages se croisent et parfois se répondent nous permettant d’apercevoir Rosa.
Des caméras encerclent la comédienne. Au gré de son interprétation, elles nous restituent
grâce à la surdimension du gros plan, une hésitation, un regard humide, une gaieté d’esprit, un oubli volontaire, des moments où l’émotion les submerge, où le retrait intérieur ou le passé parlent
davantage que les mots.